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Tirer les marrons du feu

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Je voudrais articuler la réflexion du jour (c’est un peu ampoulé, pardon) autour de deux choses : une expression et un extrait du Rivage des Syrtes de Julien Gracq. L’expression, c’est « tirer les marrons du feu ». Elle est souvent et faussement employée au sens de « tirer un bénéfice de quelque chose », alors qu’elle signifie « prendre des risques, se brûler, au profit de quelqu’un d’autre ».

La citation de Julien Gracq est la suivante. C’est un vieillard qui parle à Aldo, le héros-narrateur :
« Quand j’étais petit, notre vieux serviteur allait se coucher dans le grenier sans lumière. Il était si habitué qu’il marchait dans le noir sans tâter, aussi vite qu’en plein jour. Eh bien ! que veux-tu, à la fin la tentation a été trop forte : il y avait une trappe sur son chemin, je l’ai ouverte… »
Le vieillard sembla réfléchir avec difficulté.
« Je pense que c’est énervant, les gens qui croient trop dur que les choses seront toujours comme elles sont. »

Dans les billets précédents, consacrés à l’horreur islamique, je suis conscient d’avoir été plus sévère, plus brutal, contre les représentants d’un islam prétendûment modéré que contre les vrais méchants, les tueurs sanguinaires. Ce n’est pas par islamophobie* caractérisée mais parce que je considère que les premiers représentent un plus grand danger pour nos libertés, parce que j’ai attendu vainement (dans le concert d’abjections ou de simples stupidités entendues ces dernières semaines) qu’une SEULE voix musulmane s’élève pour affirmer la SEULE chose audible et digne d’être proférée : « la laïcité et la liberté d’expression ne doivent souffrir aucune exception autres que celles que leur fixe la loi française et chaque musulman doit, une bonne fois pour toutes et conformément à la règle de séparation de l’Eglise et de l’Etat, cantonner sa foi à la stricte sphère privée et s’accommoder (si possible avec le sourire mais on s’en tape) de tout brocard, toute caricature, toute raillerie émanant de la sphère publique » (NB si ce texte devait être retenu pour renforcer notre appareil législatif, je consens à ce qu’on supprime l’incise entre parenthèses).

Or j’affirme que c’est en toute conscience que ces voix se sont tues et je présage que les assassins pourraient bien avoir tiré les marrons du feu pour qu’à terme, quelques concessions – dont la moindre, l’auto-censure, me semble déjà acquise – soient accordées en droit ou simplement en fait aux bondieusards de tous poils. Contrairement aux apparences, ce risque est plus grave que jamais et exige une vigilance et une intransigeance accrues des authentiques républicains, simples laïcs ou athées convaincus. Il ne faut pas laisser la laïcité et la liberté d’expression monter au grenier sans lumière car, si l’on n’y prend garde, à la fin la tentation sera trop forte et il s’en trouvera pour ouvrir la trappe.

* je rappelle que "phobie" (du grec phobos - phobia) ne signifie pas "haine" mais "crainte". L'islamophobie serait donc "la crainte de l'islam" et non "la haine de l'islam" comme le mot est couramment entendu. Une autre arnaque linguistique qu'il convient de souligner.

PS la laïcité et la liberté d'expression dans ce pays autorise qu'on y déverse des immondices de ce calibre. Il est de toute première instance que la laïcité et la liberté d'expression s'autorisent aussi à élever la voix.

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